NEW YORK 

By Philippe

 

New York est une ville que nous connaissons ou croyons connaître, avant même d'y avoir mis les pieds. New York des films, des photos, des reportages. Puis un jour on se décide ; on passe l'Atlantique. Voici alors la Grosse Pomme.

Une première approche et on sait qu'on y reviendra, parce que New York, c'est la démesure, la hauteur impressionnantes des buildings, la ligne infinie des avenues, le quadrillage des rues. Le marcheur lève souvent les yeux vers le ciel et c'est un des effets inattendus de cette ville : le jeu que ces grandes constructions font avec le bleu où courent quelques nuages ; le jeu des reflets du verre des façades entre elles ; le jeu, plus beau encore, du soleil qui décline pour embraser le verre, la pierre, le métal. Il ne faut pas avoir peur du torticolis mais si l'on veut mesurer l'éclat de ce paysage, vers 18 heures, alors un endroit s'impose : la promenade sur le pont de Brooklyn pour embrasser Manhattan. Si le désir de dominer l'ensemble vous prend, vous irez à l'Empire State Building.

Mais il y a un New York plus surprenant, d'une certaine manière, celui qui nous ramène à la dimension plus humaine. Certes, il faut goûter à  l'effervescence de Times Square, avec ses écrans géants qui capturent le regard. Décor tellement incroyable que l'on croit un instant qu'un metteur en scène va surgir pour dire : coupez, elle est bonne. Le spectacle est fini. Mais l'on sent qu'il ne finit jamais. Times Square donc (mais à quelques pas, un autre bonheur, avec le Bryant Park et ses chaises à disposition, un peu comme un petit Luxembourg). Cependant on aura aussi envie de trouver des quartiers calmes. Les maisons y sont à deux ou trois étages. D'abord Greenwich et ses boutiques qui marquent la présence estudiantine (l'Université de New York est tout près), ses pubs aussi pour se désaltérer avec une Brooklyn Lager. Ensuite le Lower East Side, avec une bonne adresse : 'Inoteca, pour un verre de vin italien.

New York n'est pas que dans la modernité. Elle est déjà une ville historique. Dans chaque rue, même plein cœur de la ville, ce sont des bâtiments des années 20/30 et pour en apprécier la monumentalité il faut remonter chaque côté de Central Park. Historique aussi son goût pour la culture, avec l'incroyable Met, le MoMa et la Frick Collection, sans jamais ressentir (pourquoi ? Je ne sais) la frénésie du Louvre ou d'Orsay.

Parmi les plus grandes singularités, pour un européen : Chinatown. Rien à  voir avec le XIIIe de Paris ou le quartier chinois de Londres. Ici, on semble sortir de l'Amérique elle-même. Devantures exotiques, pléthore d'enseignes en idéogrammes, odeurs et saveurs lointaines et, à cinq heures du soir un arrêt dans Colombus Park où de vieux Chinois jouent aux cartes, au ma-jong ou discutent tranquillement. On s'assoit, on regarde, comme si l'on faisait un second voyage.

Nous logions à Brooklyn et chaque soir (parfois dès la fin de l'après-midi) c'était comme un repli apaisant après l'épuisement de Manhattan. Non que le quartier soit éteint. On y trouve néanmoins une quiétude, une proximité si agréable. Flâner dans les belles rues arborées de Park Slope, manger japonais chez Taro, hispanique chez Barrios. Ou bien, pour une matinée de relâche (le dimanche est idéal) sentir la respiration familiale de Prospect Park.

Dernier point qui a son importance : nous aurons découvert New York durant la crise du volcan islandais. À côté du désarroi de certains voyageurs pris à la gorge par des hôteliers profitant de la situation, nous aurons, nous, eu la chance d'un logement chez l'habitant, d'une compréhension raisonnée de la situation par nos hôtes, Sarah et Guillaume (par ailleurs fort précieux pour se familiariser avec une ville et une culture qui peuvent dérouter). Les incertitudes de ce moment sont déjà oubliées. New York demande qu'on y revienne.

On y reviendra!